La bête du Gévaudan, trois ans de terreur et de massacres.

La bête du Gévaudan va semer la terreur dans cette région de France entre 1764 et 1767. Durant ses trois années, 247 personnes seront attaquées, 119 seront tuées, 52 seront blessées, et 76 parviendront à s’échapper. Les victimes sont principalement des femmes et des enfants. La psychose finit par s’installer dans cette région très catholiques et les rumeurs sur la nature de la Bête donneront naissance au mythe de la «Bête du Gévaudan».

Le Gévaudan

Sous l’ancien régime, le Gévaudan est une région qui correspond à la Lozère actuelle mais également à une partie de l’Ardèche, de la Haute-Loire et du Cantal. C’est une région isolé sans grande voie de communication. La vie y est rude et la misère y est importante. La population y est bien plus nombreuses qu’à notre époque, elle est principalement composé de paysans et d’éleveurs. La violence est omniprésente et les meurtres ne sont pas rares. Pourtant, la religion catholique est très présente, et se sera souvent au travers des registres paroissiaux que l’on pourra dénombrer les victimes de la bête. Les loups sont présent dans le Gévaudan, les gens savent les reconnaître et ils connaissent leurs habitudes.

Les premières attaques de la bête du Gévaudan

Au début du mois de juin 1764, la première attaque se produit : une femme gardant son troupeau de bœufs près de Langogne se fait attaqué, les bœufs parviennent à mettre l’animal en fuite et le femme n’est pas blessée. La description faite est la suivante «Une bête avec une très grosse tête, des flancs rougeâtres, avec une bande noire tout au long du dos, une queue très touffue, des pattes larges munies de grandes griffes», cela ne correspond pas à un loup mais l’on n’y porte pas vraiment de crédits.Le 30 juin, la première victime est une adolescente de 14 ans qui est dévoré, puis le 8 août une fillette et massacrée et déchirée. Les attaques vont se suivre avec de plus en plus de férocités, les corps, principalement des femmes et des enfants sont retrouvées horriblement mutilés et sont parfois méconnaissables. Les entrailles sont vidés le visage arraché et la poitrine lacérée. Quelquefois, la tête est arrachée et on ne parvient pas à la retrouver. La terreur envahi le Gévaudan, les gens ne sortent plus ou alors armés de couteaux ou de fourches. L’affaire commence à faire grand bruit et il est décidé de faire intervenir les soldats pour traquer ce que la population commence a appeler «la Bête» car jamais un loup ne serait capable de commettre de telles massacres.

En trois ans, la bête du Gévaudan va attaquer 247 personnes »

Le Capitaine Duhamel.

A la tête d’une troupe, le Capitaine Duhamel, aide-major des dragons de Langogne à pour mission de débarrasser le Gévaudan de cette mystérieuse Bête. Entre le 20 et le 27 novembre, accompagné de ses dragons et avec l’aide de la population il organise huit battues dans toute la région. Il n’y aura aucun résultat. Durant ce temps, la Bête, comme prévenue, a quitté le Gévaudan et continuer son massacre en tuant cinq filles, une femme et quatre enfants. Le 6 janvier 1765, six mois après la première attaque, elle enlève en plein jour une mère de famille Delphine Courtiol, c’est déjà sa soixantième victimes.
Duhamel organise alors une battue à la tête de 20 000 hommes venues de 73 paroisses de la région. Le pays est recouvert de neige et il est facile de retrouver la piste de la Bête. Elle est tirée par cinq paysans, s’écroule en criant, mais se relève aussitôt et disparaît. Le découragement gagne la région. L’animal reste insaisissable et il semble impossible de l’abattre. Quelle est cette malédiction qui frappe le pays du Gévaudan ?

Le combat de Jacques Portefaix.

C’est dans ces circonstances que se produit un acte d’héroïsme qui fera date. Le 12 janvier 1765, un jeune berger de 12 ans, Jacques Portefaix, accompagné de quatre garçons et de deux fillettes tous plus jeunes que lui sont attaqués par la bête. Seulement armés de bâtons figés de lame de couteau à leur extrémités, le jeune Portefaix regroupe tout le monde pour lui faire face. Elle réussit à saisir un enfant à la gorge mais Portefaix se lance à sa poursuite et l’oblige à relâcher sa proie; il se fait lui-même mordre au visage. Elle attaque une seconde fois et saisit un autre enfant par le bras et l’emporte encore une fois. Portefaix déclare qu’il faut sauver l’enfant et ils se jettent tous sur la bête en essayent de lui crever les yeux. Acculer dans un bourbier, la bête n’a pas d’autre choix que de lâcher prise. Jacques se jette entre les deux et la frappe à coup de bâton pour la faire fuir. Les sept enfants sont sauf. Cette nouvelle parvient jusqu’à Louis XV qui récompense Jacques Portefaix en le faisant élever au frais de l’État. Il fera de brillantes études, avant de rentrer dans l’armée comme officier.

Denneval, le louvetier Normand.

L’histoire est si retentissante, qu’un gentilhomme normand, nommé Denneval, louvetier de grande réputation ayant déjà tiré plus de mille deux cents loups, fait le voyage à Versailles et offre ses services au roi, Louis XV accepte. Le 19 février, il arrive dans la région accompagné de son fils, deux piqueurs et six dogues. Après avoir longuement étudié les habitudes et le comportement de l’animal, il arrive à la conclusion que la Bête ne sera pas facile à abattre. Au bout de trois mois et malgré les 10 000 hommes mobilisés pour l’aider dans sa traque, Denneval n’arrive pas à retrouver et a tuer l’animal. Pendant ce temps, le carnage continue comme si de rien n’était et le célèbre louvetier devient la risée des paysans qui lui reproche son inaction. Désormais, dans chaque village du Gévaudan les registres de paroisse font état de victimes « mangé par la Bête féroce ».

Antoine de Bauterne le porte-arquebuse royal.

L’histoire de la Bête du Gévaudan commence à se répandre en Europe. L’honneur du pays est en jeu et le roi donne l’ordre à son premier porte-arquebuse Antoine de Bauterne de lui ramener la dépouille de l’animal qui terrorise la région.
Arrivé sur place le 22 juin 1965, sa première action consiste à congédier Denneval. Puis il mène quelques reconnaissance dans le pays du Gévaudan pour tenter de débusquer la Bête sans grands succès. Au bout de trois mois, il organise une battue en Auvergne, dans une région ou les loups sont nombreux. Il y débusque un animal de grande taille. Antoine tire et touche la bête à l’œil, elle tombe mais se relève et une seconde balle est nécessaire pour la tuer définitivement. Pour de Bauterne, pas de doute, il vient d’abattre le loup du Gévaudan. Mais il ne s’agit que d’un loup hors du commun qui pèse 130 livres et mesure cinq pieds et sept pouces de long mais il ne s’agit pas de la Bête. Malgré tout, il le fait empaillé en le faisant paraître encore plus féroce et le présente au roi Louis XV. Pour Versailles, la chose est entendu, la Bête est morte et le roi ne doit plus en entendre parler.

La mort de la bête du Gévaudan.

En effet, durant une courte période, la Bête ne se montre guère. Puis les attaques reprennent avec l’arrivée des premières neiges. A partir de janvier 1766, la Bête se montre tous les jours, les tueries se poursuivent avec les femmes et les enfants comme victimes principales. Le Gévaudan replonge dans l’horreur, mais tous les appels à l’aide reste sans réponse. Pour Versailles, l’affaire et terminer : Antoine de Bauterne à tuer la Bête. Personne ne viendra en aide au paysans du Gévaudan. Pour autant, les notables de la région ne restent pas inactifs. C’est comme cela que le 19 juin 1767 soit trois ans après les premières attaques, le marquis d’Apcher, seigneurs du Gévaudan organise une battue à laquelle participe Jean Chastel. Il s’agit d’un garde forestier qui connaît bien la région. Âgée d’une soixantaine d’année, il est estimé dans le pays. Il est en poste pour la battue lorsqu’il aperçoit la Bête se diriger vers lui. Lorsqu’elle le voit, la Bête se couche au sol et attend au lieu de l’attaquer comme à son habitude, Chastel épaule son fusil, vise et tire. Les chiens, attirait par le coup de feu, se précipite et la déchirent. La Bête du Gévaudan vient de mourir sans se défendre.

L’étude anatomique de la bête du Gévaudan.

Ce n’est pas un loup que vient d’abattre Jean Chastel, voici ce que disent les spécialistes du Muséum d’histoire Naturelle de Paris qui ont étudié les croquis de l’époque :

« La Bête n’est ni une hyène, ni un singe, ni aucun autre animal exotique. Sa formule dentaire ne laisse aucun doute : il s’agit d’un canidé. Il n’y a que deux options : le chien ou le loup. C’est un mâle de 109 livres, le poids normal d’un loup adulte. Son museau est plus court que celui d’un loup. Sa tête est également plus large. L’arcade zygomatique surdimensionnée laisse deviné une mâchoire particulièrement puissante. La crête du crâne et la taille des dents appartiennent au loup. »

La Bête serait donc un hybride, le croisement entre un loup et un chien certainement de la race des mâtins utilisés pour le combat.

Le rôle Jean Chastel dans l’histoire ?

Alors qu’il est considéré comme le héros qui a délivré le Gévaudan de la Bête, des zones d’ombres planent sur Jean Chastel. Comment se fait-il qu’il ai réussi à tuer la Bête si facilement ? D’habitude si féroce, pourquoi alors s’est-elle couché tranquillement devant lui comme si elle le connaissait ? Pourquoi Jean Chastel a-t-il fait bénir ses balles la veille de la battue?Autre fait troublant, alors qu’il est emprisonné pour une courte période, les attaques de la Bête cessent. Tout cela laisse à penser que la Bête, hybride entre un chien et un loup aurait été élevé par Jean Chastel. Ce dernier lui aurait appris à attaquer et à manger de la chair humaine. Mais dans quel but ? La Bête est abattue deux jours après avoir dévoré une fillette que connaissait Chastel, ce qui l’aurait vraiment marqué. Décida-t-il alors de mettre fin aux massacres en la tuant ?

Des mystères demeurent sur la bête du Gévaudan.

La tragédie de la bête du Gévaudan continue encore de planer sur cette région, elle reste entouré de mystère. Certaines questions restent encore sans réponse. Au cours de multiples battues, l’animal a été touché à plusieurs reprises par les balles de chasseurs, comment se fait-il qu’à chaque fois, elle ait survécu ? Pourquoi certains corps ont été décapités de façon nette sans que l’on retrouve la tête ? Il y aurait-il eu quelqu’un en plus de la Bête pour l’accompagner dans ces massacres ? Personne à l’heure actuelle n’est en mesure d’apporter de réponse à ces questions.

Article similaire

la Bête du Devonshire

La bête du Devonshire en 1855
La bête du Devonshire en 1855