Les Yétis, l’abominable homme des neiges du Tibet

Les Tibétains croient depuis toujours que des êtres simiesques et marchant debout, qu’ils nomment Yétis et que l’on connaît également en Occident sous le terme d’«abominables hommes des neiges». I1s vivent dans les étendues enneigées et sauvages de l’Himalaya. Cette croyance semble reposer sur des faits tangibles.

Les témoignages relatifs à la présence de ces «hommes-singes» s’accumulent en Chine après qu’en 1951, un alpiniste anglais, Eric Shipton, eut pris des photographies d’empreintes laissées par ces créatures jusque là semi-légendaires. Elles donnent lieu à une enquête approfondie et suscitent un regain d’intérêt pour cette énigme.

Sur la piste du Yéti

Eric Shipton se trouve en compagnie de Michaël Ward, chirurgien et alpiniste britannique, à environ 60 km à l’ouest de l’Everest, au moment où son attention est attirée par de curieuses traces de pas. Celles-ci sont très larges, plus d’une trentaine de centimètres, profondément enfoncées dans la neige (ce qui suppose une pression considérable), et elles présentent un orteil bien dessiné, en opposition

avec les autres doigts du pied. Le zoologiste W. Tschernezsky, membre du Queen Mary College de Londres, qui analyse les moulages réalisés à partir de ces empreintes, conclut qu’elles appartiennent à «un très gros primate bipède, probablement au Gigantopithecus fossile». D’autres photographies,

dues à des experts aux noms célèbres, sont prises. Ainsi, en 1955, l’abbé Bordet, de l’Institut géologique de Paris, suit trois séries de traces distinctes pendant plus d’un kilomètre. Les deux plus grands spécialistes français de l’étude des mammifères estiment que ces empreintes ont été laissées par une créature d’une espèce non encore répertoriée. En 1978, Lord Hunt prend lui aussi des clichés de traces de pas fraîches, datant visiblement du jour même, de 35,5 cm de long et de la moitié environ de large.

Un type simiesque

Les empreintes ne sont pas les seules preuves concernant l’existence du Yéti. De nombreuses personnes, tel Don Whilans, célèbre pour ses ascensions de l’Everest et du Kangchenjunga, disent avoir aperçu cet être. Leurs récits permettent d’en dresser le portrait. Il est de haute stature et couvert d’un pelage brun foncé. Il a le front fuyant, des yeux très enfoncés, une mâchoire saillante et des dents puissantes. Il marche en écartant largement les jambes et les bras. Ces derniers sont très longs et descendent jusqu’aux genoux. Souvent, les témoins font état de la forte odeur qu’il dégage. En 1954, une expédition menée par le scientifique anglais Charles Stonor s’enfonce dans l’Himalaya à la recherche du fameux Yéti. Seuls des excréments d’une taille et d’un aspect anormaux sont découverts et analysés. Au vu des restes de rongeurs et de verdure qu’ils contiennent, le Yéti semble omnivore.

Les trois Yétis

La tentative la plus célèbre pour retrouver le Yéti est réalisée en 1960 par Desmond Doig et sir Edmund Hillary, le premier homme à avoir vaincu l’Everest. Elle est financée par la World Book Encyclopedia. L’expédition, qui dure dix mois, est équipée de caméras automatiques. Elle recueille des scalps soi-disant de yétis donnés par les autochtones : ils se révèlent appartenir en fait à l’ours bleu, animal dont les apparitions sont rarissimes.

Au terme de leur mission, les deux hommes concluent que l’abominable homme des neiges n’existe pas. Paradoxalement, plusieurs années plus tard, Desmond Doig revient sur ses déclarations : il pense que le fait de ne pas l’avoir vue ne prouve pas que cette créature n’existe pas. Le gorille n’a lui-même été découvert qu’en 1901, il y a très peu de temps ! Selon Doig, «l’expédition était trop lourde et trop maladroite». Il rappelle que les sherpas (guides tibétains) font la différence entre trois types de yétis : le dzuteh, imposant et velu, qui attaque le bétail (d’après Doig, il pourrait s’agir de l’ours bleu); le thelma, qui ressemble à un petit homme et court en hululant et en ramassant des bâtons (pour certains, ce serait un gibbon, bien que la zoologie officielle ne fasse pas état de ces animaux dans cette partie du monde), et le mih teh, créature simiesque immense au pelage noir et fauve.

Quoi qu’il en soit, le grand nombre de photographies d’empreintes prises (dont celles rapportées en 1979 après une expédition scientifique de la Royal Air Force) et les multiples témoignages oculaires n’éclaircissent en rien le mystère; ces traces de pas semblent dues à une créature bipède beaucoup plus lourde qu’un homme, et qui ne peut, pour l’instant, être rattachée à aucune espèce animale connue.